(Dim 19/02) RCV-Sarcelles 18-10
Rassurés et satisfaits. Tendus. A la fin d’un match tenu, ténu et viril, d’un coup de sifflet clair et triplé, l’arbitre renvoie les 15 Versaillais à leurs plus grands souhaits : celui de conserver des chances de montée, avec le maximum de style et caractère. Le score reflète bien la physionomie du match : une avance confortable, mais une certaine culture du suspense, qui a fait craindre à l’affluence printanière une remontée efficace par un relâchement coupable. 18 à 10, les Versaillais ont rempli leur contrat, en appliquant strictement les consignes et le plan de jeu, avec ce petit supplément d’âme qui fait bafouiller l’ordre établi, par un brin de folie et d’envie. Précèdent cette délivrance une longue liste de coups de boutoir des visiteurs jaune et bleu, un pilonnage en règle de la ligne locale, par des avants lancés au raz. La défense plie mais ne se rend pas.
Quelques minutes plus tôt, la défense de bleu et blanc avait mis pied à terre, pour se faire rejoindre à 18-10, sur un essai ambitieux, chanceux, presque casquette. En déséquilibre et du milieu du terrain, le 9/Zlatan/un peu bombé du coffre, envoie un coup de pied dans le camp versaillais, sur lequel file le 7 sarcellois. Les 2 seuls à y croire. A la lutte avec l’ailier adverse, c’est un partage à la royale qui est décidé, portant aux lauriers celui qui y a cru le plus. Loin de leurs bases, les visiteurs commencent à y croire. Les pick and go font mouche, un peu de coulissage avants-3/4, et c’est Versailles qui court derrière la balle jusque-là plutôt bien maîtrisée.
La maîtrise, du moins l’envie, est plutôt versaillaise depuis le début du match. Appliqués en défense, plus en 1ère mi-temps qu’au moment précis, stoppant net la plupart des attaques adverses, les Versaillais récitent un rugby propre, clinquant, ambitieux, aux échos d’un récent échelon national. Sur une action à 10 temps de jeu, après un renversement gagnant, Matthieu Bourgeois s’extirpe d’un ruck de maçons pour aller planter quasiment sous les perches, après un raid solitaire de 10 mètres. A 18-3, le break est enfin fait, Versailles ne lâchera plus l’étreinte. Et mieux vaut jouer à la main, à la versaillaise, car ce ne sont pas les points au pied qui viendraient en disputer la primeur. Pire, les points laissés au pied auraient pu coûter cher.
Sur le coup d’envoi de la seconde mi-temps, les Sarcellois, avec la moitié des effectifs renouvelés pour sang neuf, démarre fort et rude. De meilleures intentions, un engagement toujours dans les limites, mais du fil à retordre face à des Versaillais sûrs de leur coup.
La mi-temps venait poser un couvercle fragile sur cette marmite en pleine ébullition, quelques rappels, quelques consignes, quelques ajustements stratégiques de zones de jeu et d’intentions. Quelques minutes plus tôt, le break aurait pu être fait tôt, s’il y avait eu du soutien axial, au moins pour la passe sternum ou le off-load, sur Antoine Dussaix, mis sur orbite par une malicieuse et précise remise intérieure de Vincent Rodionoff, stoppé dans les 22 après une course tranchante de 20 mètres. Sans retouches. Terrain balayé, touches gagnées, mêlée préservée, autant de munitions qui placent les locaux relativement sûrs de leur coup. Une pénalité vient récompenser le travail du pack notamment, en mettant les Versaillais à l’abri d’un essai transformé. 11-3, l’ascendant est pris. Malgré la présence d’un référent territorial sur le bord du terrain, surveillant les faits et gestes (ou les gestes faits) des Sarcellois, le match se dispute dans une ambiance sportive, engagée mais très propre. Rendant quelques kilos à ses homologues, le pack bleu et blanc fait plus que résister, malgré quelques coups et, parfois, 36 chandelles (Matthieu Batista, on pense à toi !) Mieux, il participe à l’effort collectif lorsque, après plusieurs percussions et libérations, le 8 de devant est à l’origine d’un très beau mouvement collectif, qui termine par la ligne arrière en passes à 10, et un Lucas Monteil derrière la ligne en coin. Essai non transformé, Versailles est devant par 8 à 3.
Pendant la mi-temps de la mi-temps, le score de parité 3-3 est une image fidèle des échanges et des intentions. 2 équipes joueuses, qui piquent sur les assauts, et qui affichent de belles ambitions nationales par un rugby propre et net. A ce jeu, ce sont les locaux qui déflorent les premiers le planchot, assez vite rejoints par les visiteurs revanchards.
Après un très beau match des équipes réserves, des actions déployées, du suspense jusqu’à la dernière seconde par une transformation qui ne passe pas, un scenario emprunté à Gaspar Noé, qui aura vu les Versaillais l’emporter, par une belle après-midi de presque printemps, l’arbitre siffle le coup d’envoi d’une rencontre qui promet.