On ne l’avait pourtant pas prédit : une hirondelle a fait le printemps

RCV-Mantes/Limay              22-13

Comme un signe de bon augure, comme un air de sondage présidentiel qui s’infirme, c’est un éclatant soleil qui inonde finalement le stade de Porchefontaine, météo déjouant tous les pronostics, et faisant basculer le RCV dans les ambiances de fin de saison.

Pour ce match capital dans la gestion des espoirs de remontée en Fédérale 3, le Club avait des allures de Barca, à essayer de gommer les effets des 3 1ers matchs perdus dans cette poule d’Honneur. Depuis la fin octobre, on continue la remontada historique… L’Entente Mantes-Limay, solide leader de la poule, et lointaine voisine ambitieuse des Yvelines, pointait ses gabarits sur le pré printanier. Pas forcément pour cueillir des pâquerettes ou trier des lentilles. Et tout avait été fait pour réussir une belle réception, les bénévoles du Club, les partenaires officiels, la Ville de Versailles ayant fait le déplacement pour fêter l’arrivée du printemps. 2 matchs au parfum de phases finales au programme, un dimanche à 10 points. Lors du coup d’envoi du match des équipes Réserves, arbitré dans le tumulte par notre LCA maison, bien malin est celui qui pourrait pronostiquer un résultat. Le montage des sondages ou la science des apprentis voyants, le royaume des impressions. 80 minutes plus tard, le RCV l’emporte sur le fil 17-15, non sans avoir géré le suspense et avoir joué avec les nerfs des spectateurs de plus en plus nombreux.

Messe à 15h00, programme établi, les familles sont présentes, Versailles a une sainte réputation à tenir. Signe fort de l’attachement du Club à toutes ses générations, comme une prédiction d’avenir, les Versaillais de la Première rentrent sur le terrain en serrant fort les mains d’une équipe soudée de jeunes de l’Ecole de rugby, transfert des savoirs, d’engagement et d’esprit, des plus anciens aux plus jeunes. Juste avant de lâcher les grands dans l’arène, c’est un vaillant représentant de l’EdR qui donne le coup d’envoi : plus qu’un témoignage, un héritage.

La fête sera toutefois de courte durée. Cueillis à froid les Versaillais… Guillaume Hélary, ancien fidèle parti chercher un nouveau défi de l’autre côté des Yvelines, se rappelle aux bons souvenirs des locaux, par un contrepied : pas un raffut, une passe sur un pas qui décale un coéquipier qui file à l’essai. Mené 0 à 7 au bout de 3 minutes, voilà un signe qui trouble quelque peu les prévisions et l’ordre établi. Petit à petit, au son de la fanfare d’archi venue poser l’ambiance dans les tribunes, et des chants partisans des jeunes de l’EdR, le RCV rentre peu à peu dans son match. Ça tape, ça rentre, ça cogne fort, en attaque et en défense. Aux physiques avantageux, le RCV répond par le jeu et une relative occupation du terrain. Bien en conquête et en utilisation de munitions, les bleus finissent par revenir au score grâce à essai de gros, attribué en touche finale à Jean Laneyrie. 7-7, les bookmakers y voient plus clair. Encore que…

Sur les bords du terrain, sous la guérite ou en tribune, les sentiments sont mitigés. Et là encore, bien malin est celui qui peut prévoir l’issue. Match agréable, engagé, bien tenu, les 2 équipes maîtrisent leur sujet : force et pénétration d’un côté, évitement et engagement de l’autre. C’est devant que le combat est le plus rude, dans les rucks, fréquentés ou non, dans les mauls, stoppés ou embarqués, sous les mêlées, pas poussées mais bien enclosquées. Portés par un public nombreux, conquis, et sous un air de feria parfois répétitif, les Versaillais parviennent à enfoncer le clou par ses gros, et à virer en tête après un 2ème essai collectif. La cristallisation du vote est en marche, on sécurise les soutiens. Quelques secondes avant la mi-temps, on bascule de l’Honneur au Top 14, l’espace d’une tentative de pénalité des noirs et blancs… de près de 60 mètres. Aux sourires en coins succèdent la bouche grande ouverte, quand l’artilleur mantois la claque au milieu des perches, et avec de la marge ! 14-10 à l’heure des oranges, prévues en petit nombre par l’intendance locale.

Le break n’étant pas fait, la seconde mi-temps va se faire plus velue. Les parieurs revoient les probabilités, reprennent les paramètres, les si et les calculs, les algorithmes et le rythme des actions. Sous des conditions idéales, devant une assistance record, les Versaillais repartent au combat. Peu d’évolution du score entre la 40ème et la 60ème, et, pire, les Mantois qui recollent au score par une nouvelle pénalité, pénalités auxquelles les Versaillais ne peuvent répondre, faute de réussite et de sérénité. A 14-13, les bleus ont perdu le fil : moins forts en conquête, stressés par les assauts des visiteurs, pas sereins sur la gestion du match, ils pêchent à se donner de l’air. Quelques touches perdues et une mêlée clé dans les 22 adverses qui finit dans les talons d’en face, et c’est sauve qui peut. Des percées qui ne trouvent pas de continuité, des pénaltouches finissent dans les pognes adverses, un soutien tardif, des contre-rucks efficaces, Versailles court après son rugby. Toutefois, contre toute attente à ce moment du match, les Versaillais trouvent les ressources et une pointe de malice ou de vice, par une touche finement jouée à la limite des 5 mètres, qui envoie Lucas Batocchi à dame, sous les acclamations de la foule en délire… Malgré un jeu d’occupation au pied défaillant pour gérer la fin de match plus calmement, comme une ironie du sort, c’est au pied que le RCV conclura la marque à 22-13, par une pénalité au buzzer d’Hugo Longuevergne.

Passage obligé des espoirs conservés, sur un scenario de journée quasi parfait, le RCV aura donc fait le job, pour le plus grand bonheur de toutes les catégories et de tous les amis du Club présents ce dimanche. Redevenus favoris des sondages pour la course à la montée, aux côtés des solides GTO et EML, le bleus et blanc ne sont cependant pas maîtres de leur destin. On prédit le plus bel avenir si les 3 derniers matchs de la saison sont gagnés, mais cela dépendra également de ce que font les autres candidats à la montée. Il restera alors 2 chances de bien figurer devant les urnes, à défaut d’être pris pour autre chose avec un b ajouté à ce dernier mot… Au bout de la campagne, la route Nationale ou une saison de plus à préparer les élections régionales.

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