Dimanche 22 octobre 2017
RCV 18 – ASS Sarcelles 26
Des joueurs à une table, lunettes noires et mines impassibles. Des cartes, des blindes et des annonces. Tout avait commencé pendant l’été, période pendant laquelle les 2 groupes suscitaient un maximum de fantasmes et de rumeurs : des budgets décuplés, des objectifs à 5 ans, la course à l’armement et les recrutements chez Tonton, à droite à gauche. Les 2 premiers matchs en guise de tour de pot, et on pouvait assister au choc des titans. Quand ils pénètrent sur le pré carré, les spectateurs voient plutôt clair dans le jeu des visiteurs : denses, athlétiques, concentrés. Ça peut vite sourire aux figures. Au moment de la première donne, sur du bluff ou une main heureuse, on allait vite savoir.
La première mise en ambitieuse, pour appeler la chance. Coup d’envoi, réception Sarcelles, quelques points de contact et la balle au large. Ça va vite, et on sent les locaux un peu empruntés, presque intimidés. Ils regardent les donnes passer, sans participer au blind. La chance, le bluff, plutôt jouer simple et dans le vrai. Sur la 1ère mêlée, le 9 sarcellois se fait la malle par une belle valise, avant de retrouver son 8 extérieur, pour aplatir la première double paire de l’après-midi. Douche froide sur le tournoi, le RCV est mené à sa table. La 2ème tentative de pénalité est la bonne, 10 minutes plus tard, Versailles revient à 3-5, par la botte de Julien Lagarde. Répit de courte durée, car sur la rivière suivante, après plusieurs rebonds au centre et devant, l’AAS marque une seconde fois derrière la ligne versaillaise, avec une seule pénalité bleue et blanche pour maintenir le suspense. Au jeu du bluff et sur la guerre psychologique, Sarcelles sort vainqueur de ce premier tour. Mieux organisés, mieux en place et surtout plus réalistes, scorant à chaque incursion dans le camp adverse, les visiteurs raflent les mises. Un dernier turn, un 3ème essai, de pénalité celui-ci, et Sarcelles mène 6-20 à la mi-temps. A ce rythme, on craint que les Versaillais n’aient à faire un all-in pour tenter d’inverser le cours du jeu…
La 2ème partie du tournoi est tout autre. Piqués au vif, douchés par les quelques averses de l’après-midi, les locaux reviennent à un jeu plus efficace et dans la partie. Distancés mais pas coulés, ils vont alors influer sur le score et sur le sort. Plus concentrés, plus frais, ils misent à chaque tour pendant que les visiteurs se couchent un peu plus souvent. Sur une donne anodine, une touche bien négociée, une tortue qui avance en se hâtant lentement, Versailles revient à 11-23. Cette 2ème donne est pour Versailles. Plus tranchants, enfin efficaces, la lumière vient sur une belle couleur, bleue, quand après 4 temps de jeu, les locaux trouvent la faille par Jean Laneyrie, placé au centre. Mais joueurs complets, même émoussés, les visiteurs insistent et passent à 11-26 grâce à un drop de leur ouvreur vernis. Pot sur un petit brelan, mais pot quand même. Versailles pousse, avance. Puis finit en finesse, sur une belle suite, plusieurs actions et un extérieur du pied en passe qui termine au tapis par Paul Otou. Plus personne autour de la table, le croupier et les 2 finalistes. Et un suspense intense, qui voit même les Versaillais rater la remontada, par quelques ballons perdus en touche, puis le bonus défensif sur une pénalité facile trop vite jouée.
A ce jeu de poker menteur, Sarcelles a finalement montré un jeu plus clair, sans bluff. Une équipe en place, ambitieuse, disciplinée, qui récite un joli rugby, aux antipodes de celui qu’ils pouvaient proposer il y a quelques années. Dans ce tournoi très ouvert, les Versaillais paient cash une première mi-temps trop attentiste et un manque de réussite au pied. Le tapis de la 2ème est riche de promesses. La saison sera longue mais ce soir, on y voit désormais un peu plus clair.
En lever de rideau, la Réserve versaillaise s’incline d’un point (7-8) après un match crispant mais enlevé.