Dimanche 6 Novembre 2016
Au-delà des apparences
Une équipe qui descend de Fédérale 3, versée dans le 1er chapeau de poule, et qui chute sur ses 3 premières sorties. Un château imprenable qui tombe à la première occasion, sous les derniers rayons du Soleil. Des ambitions de rayonnement national qui stagnent à l’étage régional. Les doutes à la sauce La France a un incroyable talent, mais qui l’ignore.
Pendant l’échauffement des bleus, une meute de louveteaux s’approche et scande « Allez Versailles, allez Versailles ! » Le scoutisme et le rugby à la royale, un embouteillage de clichés, les apparences en pleine face. Et un groupe en rémission depuis Vaucresson, qui doit confirmer son retour au premier plan.
Au coup d’envoi, l’enjeu plombe le jeu. Ne plus perdre à domicile, assumer son statut, ne pas rater le lancer de trop, trouver la touche qu’il faut. Sauver les apparences. Les premières actions manquent donc de liant, d’agressivité, mais pas d’envie. Le premier numéro vient d’ailleurs des visiteurs, pétris de bonnes intentions, sur un essai après une attaque déployée d’école, passes dans le tempo, jusqu’à l’aile, achevé par un débordement même pas cadré.
Bizarrement, personne ne s’inquiète. Après tout, ce n’est pas la première fois que des artistes viennent scorer les premiers sous le chapiteau versaillais. Les apparences, vous dit-on…
Petit à petit, la vaillance succède à la patience. Ça s’envoie, ça s’y file, les percussions sont plus rageuses, la conservation meilleure, les ambitions plus affichées. Contre une belle opposition des artistes au maillot noir, les versaillais jouent plus dans le sens, plus juste.
Sur la première incursion dans les 22 m, après une première biscotte sur une charge sur un joueur en l’air, Versailles et Baptiste Menant passent un premier ballon entre les perches pour revenir à 3-5. Quelques minutes plus tard, malgré plusieurs approximations dans les libérations de balles et des zones de placage, Baptiste Menant double la mise, et les Bleus prennent le score et ne le lâcheront plus.
Au-delà des apparences, l’équipe rôdée apparaît derrière le costume étriqué du leader décevant. Des charges, des relances, de l’occupation, jusqu’à l’apothéose avec un essai accompli, 100% collectif, où, après plusieurs assauts et prises d’initiative rapides, Jean Laneyrie passe la ligne d’un coup de butoir rageur.
D’autres actions de classe, parfois brouillonnes, viennent terminer un bon numéro d’équilibriste de 1ère mi-temps (11-5). Pendant le 1er acte, seule la conquête en touche aurait pu conduire à un premier buzz.
Après l’entracte, les intentions sont intactes. Sous les encouragements d’un public conquis, les 2 équipes produisent un jeu séduisant et emballant. Dans ces extrêmes, c’est Versailles qui remet toutefois la meilleure copie. Forts dans la conservation et dans l’intensité, les bleus occupent la bonne moitié de leur jardin.
Et tout le monde participe, des titulaires aux impact-players. De belles actions, des portés d’avants aux courses débridés des gazelles. Sur une chandelle de Brice Poumeyrol par exemple, le rebond capricieux sourit aux locaux, permettant à Adrien de Soultrait de mettre les cannes et de passer la ligne.
Gretz ne lâche pas les armes et, tentant de séduire le jury, plante une ultime banderille pour revenir, au bout du suspense, à 16 à 11. Les Versaillais doivent s’y reprendre alors à 2 fois pour enfoncer le clou. Off loads et continuité, envie, fierté.
Sur une action partie de leurs 40, chaque arrière versaillais touche le ballon, jusqu’à une succession de passes, dont certaines aveugles, une à la limite, et c’est un placage illicite qui vient y mettre un terme. De la suite dans les idées, et 2 essais supplémentaires, l’un par Antoine Diacre et l’autre par Geoffoy Gauthier le centralien.
En face, les visiteurs se battent jusqu’au bout, assumant pleinement leur place de second d’une Poule relevée, et plantant une ultime banderille. Mais les Versaillais ont fait le job, se mettant à l’abri suffisamment tôt.
Après les doutes, avec un numéro de choix, on aura donc vu le visage d’une équipe qui n’est pas à sa place. Des valeurs et de l’envie, un certain sens du collectif, et c’est la remontée au classement. Ce qui vient ensuite est entre leurs mains : croire en leur potentiel, en l’esprit de corps et l’esprit de groupe, pour que l’école versaillaise rayonne à nouveau sur les terrains franciliens. Au-delà des apparences.
Au final Versailles s’impose sur le score de 27-18 en se préparant à aller dimanche prochain à Melun
Signé Pierre Chevallier